ÉROSION DU LITTORAL À KOUROU
Catégorie : Environnement, vie municipale
Posté le : 14 décembre 2017
Depuis le mois de juin, la Mairie de Kourou a lancé le plan 2017 des travaux le long du littoral de l’Anse
Réunion publique d’information
La réunion publique d’information du lundi 11 décembre, où l’ensemble des organismes partenaires de la Mairie de Kourou sur le dossier de « l’érosion du Littoral » sont intervenus, chacun à leur tour, a été l’occasion de délivrer un maximum d’information sur la connaissance des phénomènes liés à l’érosion du littoral sur le territoire de Kourou. Riverains, scientifiques, simples citoyens sont venus écouter les différentes interventions et poser leurs questions . « Il s’agit pour la Mairie » d’appréhender toutes les conséquences et répercussions de la mer sur le littoral », explique l’Elu à l’Environnement Frédéric Lladeres, qui a annoncé, l’ensemble des mesures qui ont été prises par la Mairie pour améliorer la sécurité en bord de mer, avenue de l’Anse et au quartier amérindien.
Un cordon dunaire de 6 mètres de large
Après les grandes marées de mars 2016, qui ont coûtées très chers à la collectivité, un cordon dunaire de 6 mètres de large sur 1,2kms avait été commandée par le Maire de la Ville de Kourou, en vue de limiter les effets de l’érosion et de sauvegarder les habitations proches de la mer. La CTG reste particulièrement mobilisée sur le sujet. Au même titre que l’État qui prend toute la mesure du problème et met tout en œuvre pour accompagner la collectivité de Kourou vers une meilleure connaissance des forces naturelles en présence.
Le diagnostic des experts
C’est ainsi que la DEAL a décliné son plan de réactualisation de la délimitation du domaine maritime public qui date de 1985, et a pu présenter lors de la réunion les termes du PPRN (Plan de Prévention des Risques Naturels) actuel, une sorte de mode d’emploi pour tout projet de construction. La DEAL annonce d’ores et déjà des réunions publiques en début d’année 2018, dans le cadre de son renouvellement. Côté Observatoire de la dynamique côtière (ODyC), on poursuit les réunions techniques et scientifiques, en étroite relation avec les collectivités. La perte d’un houlographe au large de Kourou en cours d’année a contrarié les études, mais n’impactera pas l’avancée des recherches.
Représenté lui aussi à la réunion, le CNRS, Centre National de Recherche Scientifique, a présenté les études sur les évolutions des bancs de vases sur le littoral. «Ce sont entre 750 millions de tonnes et un milliard de tonnes de sédiments par an qui proviennent directement des Andes et remontent par l’Amazone à quelques 800 Kms au Sud-Est de nos côtes. Aujourd’hui on est capable de prédire l’arrivée de ces bancs de vase, ce qui est une belle avancée. Ces bancs qui ont toute leur importance permettent de casser la houle», explique Antoine Gardel Enseignant-Chercheur au CNRS. Par ailleurs, grâce aux recherches et aux études menées par le CNRS, on sait maintenant qu’un banc de vase se rapproche de Kourou, sans pouvoir dire exactement dans combien de temps. L’arrivée de ce banc permettra l’atténuation très sensible des effets de houle. Ce sont donc environ 2 milliards de m³ de vase qui s’apprêtent à passer devant nos plages, de Guatémala vers le CSG, à une vitesse estimée pour l’heure à 2 Km/ an en moyenne.
Météo France, également partenaire de la ville de Kourou, «donne des tendances sur deux jours à la Mairie, des données d’importance qui permettent d’agir en prévention sur les problèmes de submersion sur Kourou ». Sur la base de logiciels internationalement reconnu, la mise en place de nouveaux équipements, le maître des prévisions investit en force dans la lutte contre l’érosion du littoral.
Le BRGM a tout autant son rôle à jouer. Ce bureau d’experts du littoral est constitué d’une quinzaine de personne implantées à Cayenne. Les moyens engagés sur ce thème spécifique sont conséquents : quelques 900 000€ , dont 240 000 sur la seule place de Kourou. Le BRGM assure le suivi du trait de côte sur Kourou, à l’aide du dernier cri de la technologie, comme un sonar latéral monté sur un navire spécifique ou de l’orthophoto embarquée sur drones. En 2018, le BRGM projette de travailler sur des données vidéo à plus haute fréquence pour aboutir à des analyses toujours plus fines. Enfin, une étude qui englobe l’ensemble des aspects socio-économique, humain, environnementaux et urbanistiques sera conclue en septembre 2018 et envisagera tous les scenarii possibles de défense contre l’érosion, tant d’un point de vue financier que du point de vue technique. Cela étant, il semble de plus en plus évident que fixer le littoral au moyen de digues de béton ou même de dispositifs dit « berlinoises » ne semble pas la meilleure solution : l’exemple du « Seawall » au Surinam en est une excellente illustration.
Au niveau de la Mairie de Kourou, il sera «impossible de faire du reprofilage tous les trois mois, la seule alternative envisageable reste donc celle du « recomblage ». C’est la raison pour laquelle cette année une réserve de sable de 800 m³ a été constituée, nous permettant de ne pas prélever sur les plages protégées durant les périodes de ponte ou d’émergence des tortues », explique Frédéric Lladeres.
Pour l’heure, de nombreuses expertises sont en cours dans la prévention, la prévision, la recherche fondamentale, la lutte directe et indirecte ; la Mairie de Kourou continue à mettre d’importants moyens en œuvre. Dès janvier, une palissade sera montée pour sécuriser l’avenue de l’Anse, avec 4 passages pour les promeneurs, un chantier de 5 mois avec un financement État et CNES à hauteur de 241 000 €. La mise en place d’un sens unique pour éviter les danger de la circulation alternée, avenue de l’anse sera effective dès cette semaine. La poursuite du suivi du cordon dunaire sera assurée et un aménagement du côté du village amérindien sera élaboré.
Pour rappel, l’érosion du littoral a coûté au total plus de 600 000€ l’an dernier, financé à 20% par la commune.
Source : Service Presse-Communication